Agir, Climat

« Les émissions de la France ne représentent rien au niveau mondial, ça ne sert à rien de les limiter. »

Dire « ça ne sert à rien qu’on limite nos émissions comme on est un petit pays » revient au même que de dire : « ça ne sert à rien de voter dans sa ville ou son village, de toute façon on est 67 millions à l’échelle du pays ».
On pourrait dire aussi : « ça ne sert à rien que la Creuse ou la Lozère votent, laissons Paris le faire. »
Il faut voter, autant qu’il faut agir pour le climat. Et ici on ne parle pas de 67 millions de personnes comme pour un vote national, mais de 197 pays.
L’action de chaque pays compte, et est nécessaire. Si on n’agit pas tous et toutes, les conséquences seront désastreuses pour tout le monde.

Et ce n’est pas parce que l’on n’est pas un très grand pays, que nous ne pouvons pas montrer l’exemple, en Europe et dans le monde. De petits pays tirent leur épingle du jeu, et peuvent être une inspiration voire un modèle sur l’écologie.

C’est le cas du Costa Rica et de ses 5 millions d’habitants, dont plus de 98% de l’énergie consommée en 2016 était verte. Le Costa Rica se distingue par son empreinte écologique réduite et ses politiques volontaristes pour l’environnement.
Voir la vidéo de l’article de Capital « Costa Rica : le pays le plus écolo du monde »
Voir le classement des empreintes écologiques par pays sur le site de Global Footprint Network (en anglais)

Un autre aspect à prendre en compte est que nous avons une responsabilité du fait de nos émissions par habitant, qui sont élevées en France, et qui pourraient être réduites.

A titre de comparaison, un.e Chinois.e pollue un peu moins qu’un.e Français.e. Et ce en termes d’empreinte carbone, et d’empreinte écologique. La pollution de la Chine représente 1/3 des émissions mondiales. Mais lorsqu’on regarde l’empreinte carbone par habitant, elle est un peu inférieure à celle de la France.

La Chine, c’est tout de même 1,4 milliards d’habitants : c’est normal que le pays émette beaucoup. Et la Chine, c’est un peu l’industrie du monde : elle fabrique les produits que nous allons consommer et utiliser. La Chine pollue donc pour les autres. Sa pollution, c’est en partie notre pollution à nous.
Voir l’article Wikipedia sur la Chine
Voir l’article de Science Pop « La Chine est le plus gros pollueur … mais pas le Chinois. »
Voir l’empreinte écologique par pays sur Wikipedia

Et d’ailleurs la Chine a commencé à déployer des efforts massifs pour réduire la pollution, et lancer une transition énergétique. Des dizaines d’usines polluantes ont été fermées. De nouvelles réglementations sur la qualité de l’air ont été adoptées. La circulation des véhicules est limitée lors des pics de pollution. Le développement de véhicules plus propres a été encouragé. Le solaire et l’éolien aussi. Le déplacement a vélo a été promu : Il y a maintenant 100 millions d’utilisateurs et utilisatrices du vélo en libre service en Chine : c’est 7% de la population. Fin 2017, la fin du chauffage au charbon, qui est la principale source d’énergie en Chine, a été décrétée dans des régions au nord du pays.
Voir l’article de Slate « Pourquoi la Chine n’est plus le vilain petit canard de la lutte contre la pollution »
Voir la vidéo de Télé Matin sur les vélos partagés intelligents à Pékin

Et ça marche. D’après une étude de l’Institut de politique énergétique de l’université de Chicago, le taux de particules fines, très nuisibles à la santé, a baissé de 32 % entre 2013 et 2017. Et si cette tendance se maintient l’espérance de vie moyenne des Chinois pourrait augmenter de 2,4 ans. La Chine, premier pollueur mondial, « est en train de remporter la guerre contre la pollution atmosphérique » d’après l’Institut.
Il ne tient qu’à la France et à l’Europe de mettre en place aussi des politiques climatiques et environnementales ambitieuses, qui impliquent toute la société. Il n’y a aucune raison qu’on ne puisse pas le faire.
Voir l’article du Point « La Chine gagne sa guerre contre la pollution »

Demander aux Chinois, aux Indiens, aux Américains d’agir à notre place, c’est nous défausser de nos responsabilités. Chacun.e est responsable de ses propres émissions de gaz à effet de serre. Et personne ne réduira nos émissions pour nous. Donc dire « c’est à toi de le faire », c’est se trouver des excuses pour ne pas agir. Si chacun attend que le voisin agisse, l’humanité n’est pas prête d’avancer. Et c’est tout le monde qui en paiera les conséquences.
Imaginez les Chinois adoptant ce même raisonnement. « Nous au Qinghai (province chinoise de 5 millions d’habitants), on ne va pas bouger ! C’est au Henan, bien plus peuplé (92 millions d’habitants), de le faire. »
Et pendant ce temps, au Henan : « Nous, les habitants de Shangqiu, ce n’est pas à nous de faire des efforts. Les habitants de Zhengzhou sont 10 fois plus nombreux ! ».
On peut faire des divisions comme cela, à l’infini. On trouve toujours plus pollueur que soi.
Voir l’article Wikipédia sur les provinces de Chine
Voir l’article Wikipédia sur la province du Henan

Ce type de raisonnement trouve peut-être sa source dans l’effet de témoin. L’effet de témoin est un processus psychologique de dilution de la responsabilité. C’est à cause de cet effet que, lorsqu’on est témoin d’une agression physique d’une personne sur une autre, on a plus tendance à aider la victime si l’on se trouve seul.e sur les lieux. Plus le nombre de témoins est important sur le lieu de l’agression, plus les chances sont importantes que l’effet de témoin se manifeste et que personne ne fasse rien. On se dit toujours : « il y a bien quelqu’un qui va intervenir ».
Voir l’article de Wikipedia sur l’effet de témoin

 

 

 

 

 

 

 

 

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