Non, l’écologie n’est pas qu’une préoccupation d’occidentaux. De nombreux mouvements et initiatives écologistes sont en train de prendre place en Chine, en Inde, et dans d’autres pays en développement. Il y a une vraie prise de conscience.
Chine et Inde sont des pays émergents, à croissance économique rapide. Cette croissance et cette consommation des ménages permet l’augmentation du niveau de vie, mais implique également un coût écologique.
La consommation de viande des ménages indiens est en augmentation. Et en Chine, en 2017, près de 25 millions de voitures neuves ont été vendues. Le pays est en tête des pays consommateurs d’automobiles. La Chine achète autant de voitures que les 7 marchés suivants réunis.
Les populations des pays émergents, comme celles des pays européens, ont certes un désir de consommation et de confort matériel.
Voir l’article Wikipedia sur les pays émergents
Voir l’article du Monde « L’Inde, ce pays végétarien qui aime la viande »
Voir l’article de l’Auto-journal « La Chine, maître du monde automobile »
Voir l’article de Science Pop « La Chine est le plus gros pollueur … mais pas le Chinois. »
Pourtant, il y a bien un mouvement écologiste de fond. Les citoyens chinois et indiens sont de plus en plus conscients des enjeux écologiques. A l’heure de la mondialisation et des échanges d’information généralisés, il est difficile de ne pas être au fait de ces enjeux.
Plus localement, cela fait plusieurs décennies que les habitant.es de la Chine et de l’Inde sont témoins des conséquences environnementales du développement.
La Chine a commencé à déployer des efforts massifs pour réduire la pollution, et lancer une transition énergétique. Des dizaines d’usines polluantes ont été fermées. De nouvelles réglementations sur la qualité de l’air ont été adoptées. La circulation des véhicules est limitée lors des pics de pollution. Le développement de véhicules plus propres a été encouragé. Le solaire et l’éolien aussi. Le déplacement à vélo a été promu : Il y a maintenant 100 millions d’utilisateurs et utilisatrices du vélo en libre service en Chine : c’est 7% de la population. Fin 2017, la fin du chauffage au charbon, qui est la principale source d’énergie en Chine, a été décrétée dans des régions au nord du pays.
Voir l’article de Slate « Pourquoi la Chine n’est plus le vilain petit canard de la lutte contre la pollution »
Voir la vidéo de Télé Matin sur les vélos partagés intelligents à Pékin
Des citoyens et aussi des citoyennes commencent à promouvoir l’écologie, notamment via les réseaux sociaux. Le marché des produits écolos est en pleine croissance en Chine : des cosmétiques « verts », des marchés bios, des restaurants végans …
Le Mois franco-chinois de l’environnement, lancé en 2014, a été un succès. Il a réuni 250 000 spectateurs avec 166 événements. L’événement We Belong, présentant des initiatives innovantes et durables, a été suivi par plus de 4 millions d’internautes chinois. De tels évènements, bien qu’encore petits à l’échelle du pays, témoignent d’un engouement naissant.
Voir l’article de Madame Figaro « Ces Chinoises qui ont déjà tout compris à l’écologie »
En Inde, la ville de Delhi a converti son réseau de transports publics au gaz naturel comprimé afin de réduire les émissions de particules. Delhi n’est pas passé par toutes les étapes d’évolution technologique progressives, contrairement aux pays occidentaux. Elle a sauté les étapes en essayant d’intégrer directement des problématiques environnementales au développement économique. Tant et si bien qu’à Delhi, 60 % des transports se font en bus tandis que les voitures ne transportent que 20 % de la population.
Les préoccupations environnementales en Inde ne sont pas nouvelles : le mouvement Chipko, dans les années 1970, avait vu les femmes des villages himalayens bloquer des bûcherons qui voulaient couper les arbres de forêts appartenant à l’État. Elles se sont aussi parfois opposées à leurs maris qui voulaient couper les arbres pour un gain financier à court terme. Elles leurs opposaient la nécessité de la gestion des ressources sur le long terme.
Dans l’Etat du Maharashtra, c’est le programme Adarsh Gram Yojana (programme de villages modèles), qui est lancé dans les années 1990. Il est fondé sur cinq principes : interdiction d’abattre des arbres, de laisser le bétail paître librement et de consommer de l’alcool, planning familial et contribution aux travaux du village pour des projets de développement. A ces principes se sont ajoutés des pratiques de conservation de l’eau, alors que les nappes phréatiques en Inde sont souvent menacées d’épuisement par l’irrigation intensive.
Quant à l’État du Sikkim, il est devenu le premier État entièrement bio-organique du monde.
Voir la vidéo de LCI « Inde : Sikkim, le premier Etat entièrement bio-organique au monde »
Pour Bénédicte Manier, l’auteure de « Made in India », l’Inde est un pays « dans une double évolution. Il met le cap vers toujours plus d’industrialisation et brûle toujours plus d’énergies fossiles. En même temps, il a l’ambition de produire 40% de son électricité avec des énergies renouvelables en 2030. Avec 300 jours d’ensoleillement par an, l’énergie solaire a en effet un bel avenir. A terme, le défi sera de réussir à réduire radicalement les émissions polluantes, car l’air des villes est aujourd’hui irrespirable. »
L’Inde a « une densité unique d’initiatives de la société civile, une des plus actives au monde dans cette grande démocratie, 3,1 millions d’ONG, un record mondial. »
Pour Bénédicte Manier, « le monde cherche des solutions contre la crise climatique ? Allez voir en Inde : elles y sont toutes et donnent des résultats concrets. Les Indien(ne)s plantent des forêts qui abaissent les températures et font remonter le niveau des nappes phréatiques, transforment des zones désertiques en oasis, mettent en place des zones zéro déchet et montrent comment l’agriculture bio peut nourrir le monde… ».
Voir l’article du Parisien « L’Inde, laboratoire écologique de la planète ? »