Les études menées tout autour du monde sur des programmes d’aide contre la pauvreté ont montré que c’était un mythe.
Dans la majorité des cas, en recevant des aides, les bénéficiaires n’ont pas pour autant moins travaillé. Au contraire, certaines études ont plutôt trouvé que ces aides favorisaient l’accès au travail de ces bénéficiaires.
Comme le dit Esther Duflo, économiste et spécialiste de la pauvreté au MIT : « plus on aide les gens, plus ils sont aptes à sortir de la trappe à pauvreté ».
Une méta-analyse de 2015 de programmes d’allocations conduits au Mexique, au Nicaragua, au Honduras, aux Philippines, en Indonésie et au Maroc, n’a pas constaté de différences dans le temps de travail avant, et après la réception des aides.
Le programme mexicain Prospera est le premier système d’allocation conditionnelles au monde. Il aide financièrement les familles pauvres, à condition qu’elles envoient leurs enfants à l’école et soient à jour des vaccinations et des visites chez le docteur.
Les chercheurs ayant étudié Prospera se sont basés sur des décennies de données, et ont trouvé que les jeunes ayant bénéficié de ce programme pendant 7 ans ont pu finaliser 3 années supplémentaires d’enseignement. Et surtout, ils avaient 37% de chances supplémentaires d’être employés. De plus, les bénéficiaires de Prospera sont devenus des adultes travaillant en moyenne 9 heures de plus que ceux qui n’ont pas participé au programme. Ils étaient aussi mieux payés.
Cela ne concerne pas que les pays en développement : les mêmes conclusions sont faites dans les pays les plus développés.
Il a été démontré que le programme EITC (Earned Income Tax Credit) aux Etats-Unis encourageait le travail, en permettant aux parents célibataires de travailler.
Une étude de 2015 a montré que Medicaid avait « peu voire aucun » impact sur l’emploi ou les heures de travail.
Et même dans les cas où les bénéficiaires réduisent leurs heures de travail, ils n’en profitent pas vraiment pour jouer aux jeux vidéos. Ils s’en servent plutôt pour aller à l’école, ou pour chercher un meilleur emploi.
Se focaliser sur les heures de travail, c’est ne pas tenir compte tous les autres bénéfices de développement que permettent les programmes d’aides sociales.
Une autre étude de 2015 des économistes Sarah Miller and Laura R. Wherry, toujours sur Medicaid, a montré que les adultes américains dont les familles ont eu accès à la couverture prénatale de Medicaid ont eu des taux d’obésité plus bas, des taux de succès au bac plus élevés, et de meilleurs revenus une fois adultes.
« Les pauvres sont fainéants » est un cliché répandu. C’est l’idée que les personnes pauvres seraient naturellement enclines à être malhonnêtes, à se laisser aller et à profiter du système, C’est un mythe, comme beaucoup d’autres sur la pauvreté. Il existe toujours des profiteurs bien sûr, mais la vérité, c’est que la plupart des humains veulent un emploi.
Dans une société où l’on se définit souvent par le travail, tout le monde veut pouvoir subvenir à ses besoins, avoir un peu de dignité, et trouver sa place dans la société comme n’importe qui.
Cela peut sembler contre-intuitif, mais les aides sociales aident bien les gens à travailler.
Voir l’article du Monde « Esther Duflo : « Plus on aide les gens, plus ils sont aptes à sortir de la trappe à pauvreté »
Voir l’article de The Atlantic « Busting the Myth of ‘Welfare Makes People Lazy’ »
Voir l’article de The Vox « Economists tested 7 welfare programs to see if they made people lazy. They didn’t. »
Voir l’article des Décodeurs du Monde « « Assistés », « profiteurs », « paresseux »… les clichés sur les pauvres à l’épreuve des faits »