Dire que l’écologie est un « truc de bobo », c’est chercher à dire que l’écologie est une lubie, une fantaisie, qui n’est pratiquée que par un groupe restreint. C’est chercher à discréditer l’écologie complètement.
Le terme « bobo » est un terme dépréciatif, quasiment une insulte. C’est un terme réducteur, utilisé comme un repoussoir. Lorsqu’on traite quelqu’un de « bobo », cela clôt le débat brutalement. Cela permet de tout rejeter en bloc, notamment des problématiques progressistes qui sont souvent complexes. Et qui peuvent être importantes, comme l’écologie. Dans les esprits, le.la bobo, ou bourgeois.e-bohème, est une personne dotée d’un revenu élevé, et en général de gauche. Elle a des opinions qu’on pourrait qualifier de progressistes. Un bobo est branché, s’intéresse à la culture, à l’environnement, aux questions sociales. Il essaie d’avoir une consommation responsable. Le bobo est souvent vu comme « déconnecté des réalités », on le qualifie volontiers de « bien-pensant », voire de « bisounours ». Il est parfois considéré comme « hypocrite » : derrière son ouverture d’esprit et aux autres se cacherait en fait un comportement égoïste de bourgeois. Auquel celui ou celle qui lance l’anathème n’est pas dupe. Le bobo est d’ailleurs souvent peint en opposition au « vrai peuple ».
Pour les sociologues, les bobos n’existent pas. C’est une catégorie fourre-tout. Car l’étiquette de bobo recouvre des réalités variées. On qualifie de bobos des personnes qui ne sont pas des CSP+, qui viennent plutôt de la classe moyenne voire populaire. Des professeurs, des artistes, des travailleurs sociaux, des militants, des étudiants sans le sou peuvent être qualifiés de bobos. Le bobo serait-il finalement une personne qui essaie d’être éduquée, tolérante, bienveillante ? Est-ce cela que l’on trouve inacceptable ? Ou bien est-ce que les bobos nous mettent en face de nos contradictions, de notre mode de consommation, de pensée ? Et semblent (à tort ou à raison) nous culpabiliser ? Le discours qu’on perçoit comme vertueux et moralisateur, agace. Est-ce que la haine du bobo ne vient finalement pas de notre propre sentiment de culpabilité ?
Voir l’émission « Grand bien vous fasse » de France Inter : « Comment reconnaître un bobo ? »
Voir l’article du Monde : « Bobo, l’insulte absolue. »
Voir l’article de NeonMag : « Pourquoi tout le monde déteste les bobos ? »
Prétendre que quelque chose est « un truc de bobo », c’est prétendre que ça ne concerne pas l’ensemble de la société, ni toutes ses classes sociales. C’est balayer un problème du revers de la main, nier son importance. A noter qu’on dit souvent « écolo-bobo » pour mieux lier et dénigrer les deux termes. L’écologie n’est certainement pas un truc de bobo, et plus que jamais, l’écologie concerne tout le monde, d’où qu’il.elle vienne, quel que soit son niveau social.
Les plus pauvres sont et seront les plus touchés par le changement climatique et la dégradation de leur environnement. Et c’est vrai dans les pays pauvres comme dans les pays riches.
Voir l’article de Sciences et Avenir « Le réchauffement climatique touchera d’abord les plus pauvres. »
Le problème ici c’est que le mot « écologie » se conjugue désormais à toutes les sauces. Du coup il ne veut plus rien dire. Il y a autant d’écologies (d’écologismes) qu’il y a de gens qui se disent écolos. Nous avons l’écologie de terrain, qui ne fait pas trop de bruit, nous avons celle de salon, dite aussi politique, celle de façade, ou à faux nez, la superficielle, qui s’oppose à la profonde, celle des petits gestes, très efficaces pour se donner bonne conscience, celle des éco-tartuffes, celle du Green-Business et Jean Passe.
Maintenant et n’en déplaise aux sociologues, les bobos existent, la preuve j’en suis un. Mais là encore et comme dit l’auteur, c’est une catégorie fourre-tout. Bref il y a autant de genres de bobos que de genres d’écolos et/ou de rigolos etc.
Super bobo en photo !